Depuis ses débuts en 1999 et sa création officielle en 2001, la Fondation Cuomo a toujours eu une politique de « porte ouverte » pour répondre aux demandes d’aide quand cela était nécessaire, en particulier pour les individus les moins favorisés de la société.
Aujourd’hui, plus de 20 ans après, et avec la maturité de l’âge, la Fondation et moi-même, en tant que présidente co-fondatrice, avons analysé rétrospectivement toutes les actions menées, tant les réussites que les échecs, afin d’en tirer des enseignements qui contribueront à façonner les prochaines années de la Fondation.
Selon moi, les actions les plus significatives sont celles qui ont un impact positif à la fois sur les bénéficiaires ainsi que sur les donateurs. Ce qui signifie qu’il est crucial de déterminer, avant chaque projet, les objectifs et les finalités de ce dernier, tout comme le processus de son déroulement. Il est important d’établir la liste des résultats souhaités et les étapes spécifiques du projet, à la fois dans le temps et dans le contexte où il sera réalisé.
En parcourant l’histoire de notre organisation, deux actions majeures se distinguent par la réalisation de ces objectifs :
- L’édification et l’entretien d’écoles au Tamil Nadu, offrant à des milliers de jeunes, depuis 2001, la possibilité de faire des études, ainsi que l’introduction en 2004 des bourses d’études Cuomo pour les étudiants indiens.
- La construction du Centre cardio-pédiatrique Cuomo (CCPC) à Dakar au Sénégal, qui a effectué avec succès plus de 1 000 opérations depuis 2017.
Ces programmes ambitieux ont eu un point de départ, nous continuons à les observer même si aujourd’hui, ils sont tous devenus autonomes avec succès et ne nécessitent plus notre intervention.
La Fondation a soutenu de nombreuses autres initiatives au cours de ses décennies d’existence, mais aucune n’a eu la même signification ou la même valeur. L’impact de nos actions en Inde et au Sénégal reste le plus gratifiant en termes de résultats positifs à long terme tant pour les bénéficiaires que pour les donateurs.
Mon défunt mari, Alfredo Cuomo, et moi-même avons bénéficié, quand nous étions étudiants, de bourses d’études qui nous ont permis d’acquérir des connaissances supplémentaires, de développer notre expertise et de créer avec le temps une sécurité financière.
Nous avons toujours été convaincus que la réussite s’accompagne d’une responsabilité envers les personnes moins fortunées. Ainsi dans ma vie privée, je reste engagée moralement et humainement pour soutenir de telles initiatives philanthropiques.
En tant que présidente de la Fondation Cuomo, j’ai le devoir d’offrir une plateforme de projets pouvant promouvoir et faciliter des engagements significatifs en faveur soit des communautés soit des individus aidés, dans l’espoir de créer un changement positif dans le monde.
Après plus de 20 ans de philanthropie et de mécénat en faveur de centaines d’actions diverses et de bonnes causes, dont nous avons été fiers et honorés de faire partie, la Fondation se tournera vers l’avenir avec une approche plus ciblée et se concentrera sur un nombre plus réduit de projets, mais encore plus significatifs pour nous, et pour la société.
Le chemin parcouru depuis plus de 20 ans par la Fondation Cuomo a permis à plus de 48 000 élèves en Inde, d’avoir accès à une éducation académique de qualité dans les 7 complexes scolaires construits et soutenus par notre organisation.
Plus de 500 jeunes étudiants indiens ont également bénéficié de la « Alfredo Cuomo Scholarship » pour accéder à des études supérieures et améliorer leurs parcours professionnels comme leurs vies privées.
550 jeunes identifiés par la Croix-Rouge Monégasque ont bénéficié du programme de bourses d’études, financé par la Fondation Cuomo, et ont pu accéder à des formations diplômantes pour réaliser leurs rêves.
1 000 patients ont pu être opérés au Centre Cardio-Pédiatrique Cuomo à Dakar grâce à l’investissement financier, humain mais aussi personnel de l’équipe de la Fondation pour sauver un maximum de vie.
49 Forages ont pu être réhabilités et/ou construits au Burkina Faso, auprès de populations meurtries par la guerre et une situation climatique insoutenable.
De nombreux artistes ont été propulsés dans le monde de la Culture grâce aux initiatives culturelles menées à Monaco et en Italie, en particulier.
Des centaines de jeunes porteurs de handicap ont pu trouver un lieu de répit à Annot, où, avec leurs accompagnants, ils ont pu reprendre leur souffle grâce à des équipes et un lieu adapté à leurs besoins.
23 chercheurs doctorants ont pu faire avancer la connaissance sur l’évolution de notre climat à travers le partenariat qui réunit la Fondation Prince Albert II, le GIEC et la Fondation Cuomo.
Malgré ce bilan, il apparaît évident que cela ne suffit pas. Ces projets, tous pleins de sens et de bienveillance, sont autant de bouées lancées à la mer lors d’un naufrage mais en nombre insuffisant, de manière aléatoire : qui doit survivre ? Comment être encore plus efficient dans nos actions, dans les choix à faire : nous ne pouvons répondre favorablement à toutes les demandes.
C’est la question pour laquelle nous devons construire des réponses, adaptées aux enjeux d’aujourd’hui, avec discernement.
La crise provoquée par la COVID-19 a effacé pendant un court moment un défi majeur qui est celui de notre destin et de celui des générations futures : nos petits-enfants, ceux de nos proches, de nos amis, de nos voisins, de nos ennemis d’aujourd’hui et peut-être alliés d’après-demain.
Ce destin est titillé par le danger méconnu du changement climatique contre lequel sont lancées des alertes ici et là mais qui, pour l’instant, ne parviennent pas à nous faire mettre de côté nos divisions et qui se heurte à, finalement, une attitude assez commune : celle de croire que les crises, qui marquent l’Histoire, n’arrivent qu’aux autres, ailleurs ou en tout cas, pas tout de suite : après moi le dégel...
Une équipe de scientifiques de l’Université de Lausanne (UNIL) a publiée dans la revue « Global Environmental Change » les résultats d’une étude menée par l’analyse de
50 000 publications scientifiques sur le changement climatique en 2020.
Il en ressort que le fait que les médias pointent les catastrophes à venir dans « un espace géographique ou temporel lointain » ne provoque que « peu de mobilisation ». « Une des raisons à cela pourrait être que notre instinct de survie semble paramétré pour réagir aux risques imminents et proches ».
Plusieurs manières de changer ce constat, consisteraient à « ne plus cantonner l’urgence climatique à la rubrique environnement » mais d’en faire une question transversale et de réveiller les énergies vivantes en multipliant les expérimentations et solutions « tests ».
La Fondation Cuomo a débuté cette mutation grâce à sa Présidente et son Conseil d’Administration depuis plus de 10 ans : car en fait, les enjeux climatiques sous entendent un défi majeur, celui de garantir l’évolution de la biodiversité, dont nous faisons partie. L’accès et le développement de la connaissance, l’Éducation, semblent être les outils de base pour influencer le futur à moyen terme.
Des actions verticales, qui changeraient rapidement certaines situations critiques seraient un excellent complément pour atteindre une stratégie performante.
Ces deux visions, à court et moyen terme, devraient être scellées par des valeurs qui traversent le temps et les tempêtes.